Traitement des intoxications par contact cutanéomuqueux

Dermite irritative

Dermite allergique

Érythème polymorphe

Phytophotodermatose

Urticaire de contact


Traitement des intoxications par contact cutanéomuqueux

Conduite à tenir en cas d'intoxication par contact cutanéomuqueux (d'après le moniteur des pharmacies cahier II du n°2490)


Dermite irritative

Définition
Inflammation et/ou lésion cutanée n'impliquant aucun mécanisme immunologique.

Mécanismes

Irritation mécanique :
L'irritation survient suite à un contact avec une plante pourvue d'épines, de poils présents dans les feuilles, les tiges ou les organes de reproduction, provocant l'apparition de microtraumatismes

Irritation chimique :
L'irritation est consécutive à un contact avec diverses substances d'origine végétale, notamment acides, glycosides, enzymes protéolytiques, oxalates de calcium à propriétés caustiques ou vésicantes

Caractéristiques
La gravité des lésions dépend de la concentration de l'agent responsable, la durée du contact, ainsi que l'intégrité du tissu cutané.
Les lésions sont situées exclusivement au niveau des zones de contact.
On distingue les dermites aiguës et les dermites chroniques ou cumulatives.

Clinique

Dermites aiguës :
Ce type de dermite est caractérisé par une inflammation avec érythème, douleur, œdème accompagnée par des éruptions cutanées (macules, papules et/ou vésicules) pouvant évoluer, lorsque l'agent irritant est très puissant, vers des lésions d'allure caustique se développant très rapidement (dans la demi-heure suivant le contact) sous forme de bulles, de pustules, voire d'une nécrose superficielle et d'ulcérations.

Dermites chroniques :
Ce type de dermite, causée par un contact répété avec l'agent irritant, entraîne à terme une sécheresse cutanée, la formation de crevasses et une hyperkératose.

Topographie des lésions
Les lésions siègent uniquement au niveau des zones de contact avec un risque de transport manuporté des agents irritants pouvant causer une atteinte secondaire cutanéo-muqueuse (yeux, organes génitaux...).

Traitement

Mesures générales :
Décontamination immédiate des zones exposées par lavage abondant à l'eau savonneuse

Traitement local :
- Utilisation de pains dermatologiques ou de savons surgras à visée antiseptique
- Dermocorticoïdes en cas de lésions modérées
- Crèmes ou pommades apaisantes et émollientes, hydratantes en cas de sécheresse cutanée

Traitement systémique :
- Corticothérapie par voie orale dans les formes sévères (Prednisone, Prednisolone)
- Antihistaminiques H1 par voie orale à visée anti-prurigineuse et/ou sédative
- Antibiothérapie par voie orale (Érythromycine) indiquée en cas de surinfection bactérienne


Dermite allergique

Définition
Réaction anormale à un allergène végétal caractérisée par des lésions d'eczéma, situées au niveau des zones de contact.

Mécanisme
Ce type de dermite est lié à un mécanisme immunologique impliquant une réaction d'hypersensibilité retardée de type IV faisant intervenir les lymphocytes T.

Caractéristiques
• La survenue de la réaction nécessite une sensibilisation préalable (premier contact avec la plante)
• Les symptômes apparaissant entre 24 et 72 heures après le second contact
• Le déclenchement et l'intensité de la réaction ne dépendent pas de la quantité de substance mise en contact
• Il existe un risque de sensibilisation croisée avec d'autres plantes

Clinique

On distingue trois types de dermite allergique de contact :

type eczéma de contact :
- Phase initiale érythémato-œdémateuse, associée à un prurit important
- Phase vésiculeuse (apparition de vésicules au niveau de la zone érythémateuse)
- Phase suintante : rupture des vésicules (formation de micro-ulcérations) avec un risque important de surinfection bactérienne
- Phase croûteuse et kératosique
- Desquamation, épiderme rosé, puis aspect normal

Dermite allergique sous-unguéale ("Tulip fingers") :
- Suite à contact avec des bulbes de tulipes
- Hyperkératose sous et péri-unguéale
- Évolution possible vers un granulome inflammatoire

Dermite allergique de contact aéroportée :
- Aspect d'une photophytodermatose lichénifiée
- Suite à contact avec les pollens des Astéracées

Topographie
• Localisations initiales : mains, avant-bras ou jambes
• Extension possible au delà de la zone de contact d'origine
• Transport manuporté de l'allergène possible, pouvant entraîner une atteinte secondaire cutanéo-muqueuse

Traitement

Mesures générales :
Décontamination immédiate des zones exposées par lavage abondant à l'eau savonneuse

Traitement local :
- Utilisation de pains dermatologiques ou de savons surgras à visée antiseptique
- Dermocorticoïdes en cas de lésions modérées
- Crèmes ou pommades apaisantes et émollientes, hydratantes en cas de sécheresse cutanée

Traitement systémique :
- Corticothérapie par voie orale dans les formes sévères (Prednisone, Prednisolone)
- Antihistaminiques H1 par voie orale à visée anti-prurigineuse et/ou sédative
- Antibiothérapie par voie orale (Érythromycine) indiquée en cas de surinfection bactérienne


Érythème polymorphe

Définition
Éruption caractérisée par des éléments érythémateux papulo-œdémateux, vésiculo-bulleux, dont certains ont une disposition en "cocarde", siégeant exclusivement au niveau des zones de contact avec la plante.

Clinique
Aspect caractéristique des lésions disposées en "cocarde", mais pouvant avoir des aspects différents : papules, vésicules, bulles

La lésion typique :
• est arrondie, étendue sur 1 à 2 centimètres de diamètre
• présente un centre cyanotique ou purpurique, bordé d'une zone érythémateuse

Traitement
• Traitement local : soins antiseptiques locaux quotidiens
• Traitement général : corticothérapie par voie orale parfois préconisée (Prednisone : 0,5 mg/kg/jour), à initier dès le début des lésions


Phytophotodermatose

Définition
Réaction cutanée exagérée lors de l'exposition au soleil, à la suite d'un contact avec une plante contenant le plus souvent des furocoumarines (bergaptènes, psoralènes, xanthotoxines).

Mécanisme
Le mécanisme de la toxicité repose sur l'existence d'un contact de la peau avec une substance végétale ayant acquis un pouvoir toxique après irradiation par les rayons ultraviolets.

On distingue :

Réaction phototoxique :
C'est la réaction la plus fréquente. Non immunologique, elle correspond à une réaction physiologique, favorisée par l'humidité. Elle survient dès le premier contact et reste strictement localisée à la zone cutanée en contact avec la plante et ayant été exposée à la lumière.

Réaction photoallergique :
Cette réaction exceptionnelle fait intervenir un mécanisme immuno-allergique (hypersensibilisation retardée de type IV) où l'antigène provient de à la transformation de la substance végétale en cause, par irradiation lumineuse, en photoallergène

Clinique

Réaction phototoxique :
Elle présente un aspect érythémateux, accompagné éventuellement de vésicules
L'éruption se superpose aux contours de la plante responsable et aux zones exposées au rayonnement UV, et ce dans les 24 - 72 heures après contact et exposition solaire.

Réaction photoallergique :
L'aspect est très variable : urticaire, eczéma, aspect lichénifié, purpurique...
Les lésions, qui apparaissent environ 48 heures après l'exposition, sont au départ limitées aux parties découvertes mais peuvent s'étendre aux zones protégées

Traitement

Mesures générales :
Décontamination immédiate des zones exposées par lavage abondant à l'eau savonneuse

Traitement local :
- Dermocorticoïdes en cas de lésions modérées
- Crèmes ou pommades apaisantes et émollientes, hydratantes en cas de sécheresse cutanée

Traitement systémique :
- Corticothérapie par voie orale dans les formes sévères (Prednisone, Prednisolone)
- Antihistaminiques H1 par voie orale à visée anti-prurigineuse et/ou sédative
- Antibiothérapie par voie orale (Érythromycine) indiquée en cas de surinfection bactérienne


Urticaire de contact

Définition
Affection cutanée aiguë caractérisée par un érythème, témoignant d'un œdème papillaire, souvent très prurigineux.

Mécanisme

Mécanisme immunologique :
correspondant à une réaction d'hypersensibilité de type I

Mécanisme non immunologique :
correspondant alors à une libération d'histamine sous l'action d'une substance dite "histamino-libératrice" (exemple : acide cinnamique pour le baume du Pérou)

Clinique
Présence de papules œdémateuses, très prurigineuses mais transitoires.

Diagnostic
Basé sur l'aspect des lésions et confirmé si nécessaire par des tests épicutanés.

Traitement
Antihistaminiques H1 par voie orale à visée antiprurigineuse et/ou sédative



 

Références bibliographiques

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Dernière mise à jour le 23/09/2005 à 10:35:16