Quelques définitions utiles

La dénomination scientifique

La drogue

Le mode d'obtention et la récolte

Les méthodes d'identification botanique

Les méthodes d'identification chimique

Les essais

Les dosages

Le contrôle de stabilité

La conservation et le stockage


Une qualité pharmaceutique indispensable

L'innocuité des médicaments est fondamentale. La qualité pharmaceutique se doit en effet de garantir non seulement l'efficacité mais aussi l'absence de toxicité dans des conditions normales d'utilisation. A cette fin, il est indispensable de définir rigoureusement l'identité et la qualité de la matière première (ou drogue) qui sert à la préparation de ces médicaments. Ceci nécessite de nombreux contrôles qui permettent l'élaboration de fiches signalétiques concernant les matières premières et de bulletins de contrôle libérant les lots de produits finis. Une étude de stabilité complète l'ensemble.

Quelques définitions utiles

Matières premières

• Les produits d'origine végétale, issus du règne végétal, sont utilisés comme matière première, en l'état ou après un procédé de production approprié, dans les préparations pharmaceutiques. L'origine végétale du produit doit être définie avec précision par la dénomination scientifique botanique selon les règles linnéennes (genre, espèce, variété, auteur).
Les produits d'origine végétale utilisés à des fins thérapeutiques sont définis comme des drogues végétales ou des préparations à base de drogues végétales.

• Les drogues végétales sont essentiellement des plantes, parties de plantes ou algues, champignons, lichens, entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l'état, soit le plus souvent sous forme desséchée, soit à l'état frais. Certains exsudats n'ayant pas subi de traitement spécifiques sont également considérés comme des drogues végétales. Les drogues végétales doivent être définies avec précision par la dénomination scientifique selon le système à deux mots. Elles sont obtenues à partir de plantes cultivées ou sauvages. Des conditions appropriées de collecte, de culture, de récolte, de séchage, de fermentation et de stockage sont essentielles pour garantir leur qualité. Elles sont identifiées par leur description macroscopique, microscopique et par CCM notamment. Elles satisfont aux exigences mentionnées dans les monographies individuelles de la Pharmacopée européenne (définition, identification, essai, dosage).

• Les préparations à base de drogue(s) végétale(s) sont obtenues en soumettant les drogues à des traitements comme l'extraction, la distillation, l'expression, le fractionnement, la purification, la concentration ou la fermentation. Ce sont notamment des teintures, des extraits, des huiles essentielles, des huiles grasses, certains jus végétaux et certaines poudres. Les composants isolés, chimiquement définis ou leur mélange, ne sont pas considérés comme des préparations à base de drogue(s) végétale(s).

• Le principe actif : une drogue végétale en l'état ou sous forme de préparation est considérée comme un principe actif dans sa totalité, que ses composants ayant un effet thérapeutique soient connus ou non.

Médicaments à base de plantes

• Ce sont des médicaments dont les principes actifs sont exclusivement des drogues végétales et/ou des préparations à base de drogue(s) végétale(s).

• Les composants à effets thérapeutiques connus sont des substances ou des groupes de substances, définis chimiquement, dont la contribution à l'effet thérapeutique d'une drogue végétale ou d'une préparation est connue.

• Les traceurs sont les composants d'une drogue végétale, définis chimiquement et importants pour la réalisation des contrôles.

• Les témoins externes sont des substances, définies chimiquement, étrangères à la drogue végétale considérée, mais qui présentent un intérêt pour la réalisation des contrôles de qualité.


La dénomination scientifique

Le naturaliste Linné a défini cette nomenclature, qui permet de caractériser chaque espèce par deux noms latins.
Le premier correspond au nom de genre, le second au nom d'espèce :
 Ex. : Rosa canina et Rosa repens
correspondent à deux espèces du genre Rosa et habituellement confondues sous le nom d'Églantier. Enfin, le nom d'espèce est suivi par le nom du premier botaniste à l'avoir décrite, ce nom pouvant être abrégé (par ex. : L., pour Linné).
La sous-espèce ou la variété peuvent également être précisés. La famille est généralement indiquée.
La précision de cette dénomination est fondamentale, et se complète par une différentiation chimique pouvant intervenir à des niveaux botaniques très variés :

• Au niveau de la famille : certaines familles botaniques font preuve d'une grande homogénéité chimique : ainsi, les Lamiacées aromatiques renferment presque toutes une huile essentielle ; les Gentianacées ou les Astéracées présentent généralement des lactones terpéniques amères...

• Au niveau du genre : la totalité des espèces du genre Digitalis renferme des hétérosides cardiotoniques ; l'ensemble des espèces du genre Cassia contient des hétérosides anthraquinoniques à propriétés laxatives...

• Au niveau de l'espèce : une composition chimique rigoureusement identique entre deux espèce différentes est exceptionnelle ; c'est néanmoins le cas chez les sénés.

• Au niveau de la variété : c'est généralement le cas des plantes à huiles essentielles. La chimiotaxonomie est une discipline basée sur les relations existant entre les caractères chimiques et les caractères botaniques.


La drogue

Les monographies des pharmacopées précisent la nature de l'organe utilisé, généralement désigné par le terme de "drogue". Ainsi, si la totalité des organes (feuille, fruit, racine) de la belladone (Atropa belladona L.) contient des alcaloïdes, par contre, seule l'écorce de quinquina (Cinchona sp.), renferme de la quinine. De plus, les composés synthétisés peuvent varier en fonction de l'organe, d'où l'importance du choix de la drogue comme matière première.


Le mode d'obtention et la récolte

Période de la récolte

Certaines études scientifiques, en rapport avec des notions de chronobiologie, ont permis de définir le moment optimal de la récolte, afin de garantir la qualité de la matière première. Ainsi, on préfère récolter :
• les racines durant le repos végétatif (automne, hiver) ;
• les parties aériennes, le plus souvent au moment de la floraison ;
• les feuilles, juste avant la floraison ;
• les fleurs à leur plein épanouissement, voire en bouton ;
• les graines, lorsqu'elles ont perdu la majeure partie de leur humidité naturelle.

Nature la dessiccation

Afin de garantir une bonne conservation, en inhibant les activités enzymatiques après la récolte, en empêchant la dégradation de certains constituants ainsi que la prolifération bactérienne, le séchage apparaît comme une étape essentielle. Les techniques de dessiccation sont variables :
• au soleil et à l'air libre (écorces et racines) ;
• à l'abri de la lumière (fleurs)
• à une température de séchage bien choisie pour éviter une altération de la composition chimique.

Production des drogues

Les drogues végétales proviennent de plantes sauvages ou cultivées. La qualité finale de la drogue dépend des conditions de culture, de récolte, de séchage, de fragmentation et de stockage. Les drogues doivent être exemptes d'éléments étrangers tels que terre, poussières, souillures, signes d'infection fongique ou de contamination animale, traces de pourriture... Si un traitement décontaminant s'avère indispensable, il faut prouver qu'il n'altère pas les constituants de la plante et qu'il ne subsiste aucun composé nocif à l'issu du traitement.

Provenance des drogues

En fonction de la provenance de la drogue, la teneur en principes actifs peut varier de manière plus ou moins importante, entraînant une activité à priori variable d'un lot à un autre. Il faut donc faire attention à l'origine géographique et aux conditions écologiques (altitude, degré de fertilisation du sol, caractère sauvage ou cultivé de la plante...).

Risques de falsification

Des risques volontaires ou involontaires de falsification ne sont pas à exclure et peuvent entraîner des conséquences sérieuses pour l'utilisateur.


Les méthodes d'identification botanique

On distingue trois types d'examen pour la diagnose botanique :

L'examen organoleptique

Il permet de repérer les éléments d'identification immédiats comme la morphologie, la couleur, la saveur mais aussi :
• le degré de pureté : moisissures, éléments étrangers ;
• les altérations : humidité, traces d'utilisation de solvants
• falsifications

Racines, rhizomes, écorces : l'examen s'oriente plus spécifiquement sur :
• l'aspect général (cannelle de Ceylan)
• l'aspect de la tranche pour les racines épaisses (colombo)
• la cassure plus ou moins fibreuse (réglisse)
• l'aspect extérieur de l'écorce (lenticelles de la bourdaine)

Tiges : il faut s'attarder sur :
• la forme : cannelée (Apiacées) ou carrée (Lamiacées)
• la couleur (rouge pour la menthe poivrée)
• la présence ou l'absence de poils
• l'implantation des feuilles de type alterne ou opposé
• la présence ou l'absence de moelle (Poacées) ou de nœuds (Caryophyllacées)

Feuilles : l'examen porte sur :
• la couleur : brunâtre ou même noirâtre en cas de mauvais séchage
• la forme générale
• les nervures plus ou moins marquées
• le bord du limbe
• la présence ou l'absence de duvet
• la présence de pétioles

Inflorescences et fleurs : examen des bractées, sépales, pétales

Fruits et graines : la forme, la taille et la couleur constituent les éléments déterminants.

L'étude microscopique

C'est un examen utile pour dissiper un doute ou confirmer une diagnose. Il peut être pratiqué sur des coupes d'organes ou sur une drogue pulvérisée. Les modalités pratiques de l'examen sont disponibles dans de nombreux ouvrages et ne seront donc pas détaillées ici.


Les méthodes d'identification chimique

L'identification d'une drogue végétale repose généralement sur la mise en évidence de certains constituants issus du métabolisme secondaire.

Les réactions d'identité

Ces réactions faciles à réaliser, rapides, permettent la mise en évidence de certaines classes de substances chimiques (alcaloïdes, flavonoïdes, coumarines, saponosides...) en faisant apparaître soit une coloration, soit une précipitation, dont l'intensité permet en outre d'avoir une idée sur la concentration en principes actifs. Elles sont adaptées pour des constituants présents en quantité importante et servant de marqueur ou de traceur. L'interprétation des résultats doit toutefois se faire avec une certaine prudence.

Les analyses chromatographiques

Les pharmacopées exigent le recours à diverses techniques chromatographiques afin de garantir l'identité et la qualité pharmaceutique d'une drogue. Ces méthodes reposent sur un principe constant : les substances présentes en mélange sont séparées à l'aide d'un support solide (plaque ou colonne) et d'un éluant (solvants organiques, gaz). Il existe de nombreuses méthodes décrites dans d'excellents ouvrages analytiques. Par souci de concision, on détaillera uniquement la chromatographie sur couche mince, qui représente la méthode de choix des laboratoires de contrôle.

La chromatographie sur couche mince (CCM)

La chromatographie sur couche mince est une technique de séparation, dans laquelle une phase stationnaire constituée d'un matériau approprié est répandue en une couche mince et uniforme sur un support (plaque de verre, de métal ou de plastique). Les solutions à analyser sont appliquées sur la plaque avant le développement. La séparation repose sur des mécanismes d'adsorption, de partage ou d'échange d'ions ou sur une combinaison de ces mécanismes, et elle s'effectue par migration (développement) de solutés à travers la couche mince (phase stationnaire), dans un solvant ou un mélange de solvants approprié (phase mobile). (Définition d'après la Pharmacopée européenne)

L'appareillage est constitué de plaques préfabriquées, d'une cuve à chromatographie, de micropipettes, de microseringues ou de capillaires calibrés jetables, d'un dispositif de détection de fluorescence et des réactifs de visualisation aptes à révéler les taches séparées correspondant aux substances présentes, soit par pulvérisation, soit par exposition aux vapeurs ou immersion. Des protocoles verticaux ou horizontaux peuvent être utilisés. L'identification repose sur l'estimation visuelle de la migration, après vérification du pouvoir de séparation et recherche des substances apparentées.
Cette méthode, simple, peu onéreuse et nécessitant des prises d'essai peu importantes, est adaptée pour un contrôle rapide des drogues végétales.
Les constituants sont séparés dans conditions précises faisant intervenir la nature du support, la distance de migration, la nature de l'éluant et la révélation est effectuée par des  réactifs adéquats.
On peut utiliser diverses substances à examiner en parallèle. Selon les cas, il peut s'agir :
• d'une substance unique, spécifique de la drogue (anéthole pour la badiane...) ;
• d'un mélange de substances, pour lesquelles la teneur ou la simple présence est bien définie (alcaloïdes du quinquina rouge...) ;
• d'une substance étrangère à la drogue, mais présentant un profil chromatographique équivalent à celui d'une substance de référence à l'état pur, pour un coût moindre (phénazone migrant pratiquement au même niveau que l'amarogentioside de la gentiane...) ;
• d'un extrait de référence, comme pour le séné.
Les limites de la technique sont liées à l'impossibilité de quantifier la teneur des constituants présents.

La chromatographie en phase gazeuse (CPG)

La chromatographie en phase gazeuse (CPG) est une technique de séparation chromatographique reposant sur la distribution différentielle des espèces entre deux phases non miscibles, une phase stationnaire contenue dans une colonne et un gaz vecteur, comme phase mobile, qui traverse cette phase stationnaire. Elle est applicable aux substances, ou dérivés de substances, qui se volatilisent dans les conditions de température utilisées.
La CPG est fondée sur les mécanismes d'adsorption, de distribution de masse ou d'exclusion. (Définition d'après la Pharmacopée européenne)

La chromatographie liquide (CL)

La chromatographie liquide (CL) est une technique de séparation chromatographique reposant sur la distribution différentielle des espèces entre deux phases non miscibles, une phase stationnaire contenue dans une colonne et une phase mobile qui traverse, par percolation, cette phase stationnaire. La CL est principalement fondée sur les mécanismes d'adsorption, de distribution de masse, d'échange d'ions, d'exclusion ou d'interaction stéréochimique.
L'appareillage se compose d'un système de pompage, d'un injecteur, d'une colonne chromatographique (éventuellement thermostatée), d'un détecteur et d'un système d'acquisition des données (ou d'un intégrateur ou enregistreur). La phase mobile, délivrée à partir d'un ou plusieurs réservoirs, circule à travers la colonne, généralement à débit constant, puis passe à travers le détecteur.


Les essais

La réalisation de certains essais permet de garantir la qualité intrinsèque de la drogue.

Taux de cendres

La totalité des matières organiques de la drogue est éliminée par carbonisation et la pesée du résidu, uniquement constitué de matières minérales, permet d'évaluer le degré de propreté de la plante (une addition, volontaire ou non, de terre ou de sable au moment de la récolte, ou un lavage insuffisant de la matière première, augmentant le taux de cendres), ainsi que de déterminer les agents de fertilisation utilisés durant la culture. Il est à noter que certaines plantes, riches en minéraux (oxalate de calcium pour certaines Solanacées, silice pour la prêle) présentent un taux de cendres naturellement élevé.

Teneur en eau et perte à la dessiccation

Selon la Pharmacopée européenne, la perte à la dessiccation est la perte de masse exprimée en pourcentage m/m. Le mode opératoire est précisé dans chaque monographie de plante. La dessiccation peut s'effectuer jusqu'à masse constante ou pendant une durée déterminée, soit dans un dessiccateur en présence de pentoxyde de diphosphore, soit sous vide avec indication d'un intervalle de température, à l'étuve ou sous vide poussé. Dans le cas des drogues à huile essentielle, un essai de teneur en eau est réalisé. Il est à noter qu'un pourcentage d'eau trop élevé permet à un certain nombre de réactions enzymatiques de se développer, entraînant des conséquences néfastes sur l'aspect des drogues, leurs caractères organoleptiques, leurs propriétés thérapeutiques. En outre, une humidité résiduelle favorise le développement de microorganismes (bactéries, levures, moisissures).

Nature et taux des éléments étrangers

Les éléments étrangers sont séparés en deux catégories par la Pharmacopée européenne :
• les parties étrangères : éléments provenant de la plante-mère, mais ne constituant pas la drogue ;
• les matières étrangères : éléments étrangers à la plante-mère, d'origine végétale ou minérale.
La recherche se fait par l'examen macroscopique de la drogue au cours duquel on recherche la présence de matières étrangères (petits graviers, coquilles d'escargots...) mais aussi de parties étrangères (fragments de tiges accompagnant des feuilles mondées...). La pharmacopée tolère en général un taux maximal de 2 % d'éléments étrangers.

Résidus de produits phytosanitaires et pesticides

Est considérée comme pesticide toute substance ou association de substances destinée à repousser, détruire ou combattre les ravageurs et les espèces indésirables de plantes et d'animaux, causant des dommages ou se montrant autrement nuisibles durant la production, la transformation, le stockage ou la mise sur le marché de substances médicinales d'origine végétale. Ce terme comprend les substances destinée à être utilisées comme régulateurs de croissance des plantes, comme défoliants, comme agents de dessiccation, ainsi que les substances appliquées sur les cultures, soit avant, soit après la récolte, pour protéger les produits contre la détérioration durant l'entreposage ou le transport. (Définition d'après la Pharmacopée européenne)

De nos jours, la culture des plantes médicinales se substitue à la récolte manuelle de plantes sauvages, entraînant une généralisation de l'utilisation de produits phytosanitaires (pesticides, insecticides, herbicides, fongicides...). Les traitements employés peuvent varier d'un pays producteur à un autre et, si l'utilisation de produits phytosanitaires est réglementée dans la plupart des pays européens et des territoires d'outre mer, cette législation est inexistante dans de nombreux pays en voie de développement où l'utilisation de pesticides désormais prohibés comme le DTT n'est pas exceptionnelle. Enfin, l'apparition régulière sur le marché de nouveaux produits phytosanitaires complique encore le travail de réglementation.
Les analyses, reposent sur des méthodes spécifiques de dosage par chromatographie en phase gazeuse, la Pharmacopée européenne donnant des valeurs limites de tolérance (en mg/kg) pour 34 pesticides. Les tolérances applicables aux pesticides ne figurant pas dans cette monographie sont calculées à partir de la dose journalière admissible par La FAO/OMS et sont fonction de la masse corporelle et de la consommation journalière de la drogue, et ce sur un schéma analogue à celui employé pour la législation des produits alimentaires.

Contamination microbiologique

Les drogues végétales sont généralement sujettes à la contamination par les microorganismes présents dans le sol, le fumier, les poussières. Le degré de contamination est variable d'une drogue à une autre et est généralement compris entre 102 et 108 germes par gramme de plante. Cependant, la quantité de germes présents n'a en réalité que peu d'importance face à l'impératif de ne présenter aucun germe pathogène, notamment en ce qui concerne les entérobactéries.
Les opérations susceptibles de limiter la présence des germes dans les drogues sont malheureusement également capable de dégrader les constituants présents :
• la pasteurisation ou l'autoclavage des drogues n'est pas utilisable.
• la chaleur sèche est envisageable dans de rares cas.
• les vapeurs d'oxyde d'éthylène, longtemps utilisées pour la réduction simultanée du nombre de germes mais aussi d'insectes, sont interdites en Europe depuis le 31 décembre 1990, en raison de la formation de produits résiduels toxiques et mutagènes.
• les rayonnements ionisants sont utilisables à de très faibles doses (inférieurs à 10 KGy) pour éviter la dénaturation des constituants, notamment les polysaccharides. En outre, la déclaration de ce traitement est obligatoire.
La pharmacopée européenne propose des spécifications concernant la qualité microbiologique des préparations pharmaceutiques. Les médicaments à base de plantes présentent des normes distinctes, selon que l'eau bouillante est utilisée ou non, la quantité de germes présents décroissant au cours de la préparation d'une infusion. Les principaux germes recherchés sont les germes aérobies, les moisissures, les levures, les entérobactéries et certaines autres bactéries gram-négatives, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Escherichia coli, les salmonelles.

Contamination par les métaux lourds

Les métaux lourds incriminés sont le cadmium, le cuivre, le fer, le nickel, le plomb, le zinc, l'arsenic et le mercure.
En Allemagne, le Ministère Fédéral de la Santé a édité un projet nommé "Recommandations en matière de contaminants et de métaux lourds" destiné aux plantes, parties de plantes, huiles végétales, matières grasses, cires et produits qui en dérivent...". Des exceptions à ces normes sont prévues pour les drogues dont les matières premières sont connues pour accumuler du cadmium en grande quantité.

Les teneurs limites maximales prévues sont, hors exceptions, de 5 mg/kg pour le plomb, de 0.2 mg/kg pour le Cadmium et de 0.1 mg/kg en ce qui concerne le mercure.

Contamination par les aflatoxines

Il est d'usage d'utiliser les valeurs limites suivantes, issues de l'industrie alimentaire :
• Aflatoxines B1 : max 2 mg/kg
• Somme totale des aflatoxines B1, B2, G1, G2 : max 4 mg/kg

Contamination par les substances radioactives

La norme officielle adoptée par la communauté européenne pour les produits d'origine alimentaire, se situe à un maximum de 600 Bq/kg. Il n'existe à l'heure actuelle aucune méthode pharmaceutique officielle.

Contamination par les solvants

Les médicaments à base de plantes sont préparés à partir d'un nombre limité de solvants parmi lesquels on trouve l'alcool, le méthanol, plus rarement l'acétone, l'acétate d'éthyle, le n-butanol, l'hexane et l'heptane. Les teneurs en méthanol et en isopropanol doivent généralement rester inférieures à 0.05 % (500 ppm).
On distingue trois catégories de solvants selon leurs risques potentiels :
• classe 1 : solvants ne devant pas être utilisés : benzène, tétrachlorure de carbone
• classe 2 : solvants présentant des limites d'utilisation : chloroforme, cyclohexane, éthylène glycol, hexane, méthanol, pyridine, toluène, xylène
• classe 3 : solvants à faible potentialité toxique : acétone, acide acétique, butanol, éthanol, éther éthylique, méthyléthylcétone, 1-propanol et 2-propanol.


Les dosages

Les essais sont toujours complétés par des dosages attestant du degré d'activité thérapeutique de la drogue et gage de sa qualité pharmaceutique.

Une obligation

L'existence de variations saisonnières, voire journalières pour certaines espèces végétales, impose un dosage des constituants actifs et des traceurs. La pharmacopée indique des minima requis pour chaque drogue ou des fourchettes, le cas échéant.

La réalisation pratique

Les plantes peuvent schématiquement se répartir entre 3 groupes :
• des plantes à constituants chimiquement bien définis et dont l'activité thérapeutique est totalement connue : dérivés anthraquinoniques, comme les sennosides de Cassia senna et C. angustifolia...
Le dosage est réalisé directement sur l'extrait végétal ou après purification, par CPG pour les substances volatiles, par CLHP pour les substances fixes, par spectrophotométrie si les molécules absorbent dans l'UV.
• des plantes à groupes de substances actives comme les iridoïdes, les saponosides, les dérivés flavonoïdiques, coumariniques...
Le dosage se fait par spectrophotométrie sur un mélange plus ou moins concentré d'intermédiaires de biosynthèse aux activités pharmacologiques très voisines.
• des plantes à constituants ou groupes de constituants pour lesquels l'activité thérapeutique n'est pas élucidée. Il faut alors choisir un ou des traceurs (ou marqueurs) afin de les utiliser comme substance de référence ; le choix du traceur est donc fondamental pour pouvoir servir de référence pour l'analyse de différents lots.


Le contrôle de stabilité

La composition chimique des drogues peut se modifier au cours du temps, en dépit des précautions prises pour le stockage.
Pour juger de la stabilité d'une drogue à huile essentielle, la teneur en essence est le critère de choix ; en effet, les plantes aromatiques perdent naturellement leur huile essentielle au fil du temps, par évaporation, et ce d'autant plus rapidement qu'elles sont finement divisées.
Outre ces modifications d'ordre quantitatif, une altération de la qualité même de la drogue est également à craindre. Il est à noter que la dégradation partielle de constituants "primaires" est parfois souhaitable et recherchée afin d'accroître l'efficacité ou la sécurité d'emploi de drogues végétales. Il en va ainsi pour les écorces de bourdaine et de cascara qui doivent être conservées pendant au moins un an avant leur utilisation afin de permettre l'oxydation des anthrones purgatives en anthraquinones laxatives, d'action moins drastique.
Enfin, les préparations à base de drogue végétale ou les médicaments qui en sont issus doivent garantir la stabilité de leurs constituants au fil du temps. Les médicaments présentés sous forme de solution (teintures alcooliques, sirop...) ont des durées de stabilité inférieures à celles des extraits secs ou des poudres.


La conservation et le stockage

Les principaux facteurs à prendre en compte sont la lumière, la température, le degré d'humidité, l'importance de la fragmentation et le type de récipient utilisé pour le stockage.
La protection par rapport à la lumière est indispensable pour la majorité des drogues puisque feuilles, fleurs, se décolorent rapidement à la lumière, entraînant une dégradation de leur aspect, associée à une éventuelle modification des constituants présents.
Une hausse de la température de 10 °C double la vitesse de dégradation.
Le taux d'humidité relative doit être maintenu inférieur à 60 %.
La  fragmentation augmente la surface de contact avec l'air et accélère donc la dégradation.
Le stockage doit privilégier un endroit sec bénéficiant d'une température et d'une humidité plus ou moins constante.
A l'officine, les drogues sont conservées dans des récipients fermés hermétiquement, éventuellement munis d'un moyen de dessiccation adapté (gel de silice en général). Il faudra surveiller l'apparition de charançons et autres insectes et se débarrasser rapidement des lots infestés. L'usage de boites en carton est préférable à celui de récipients en matières plastiques qui absorbent les substances volatiles comme les huiles essentielles.
La durée de conservation ne saurait excéder 2 à 3 ans.


 

Références bibliographiques

WICHTL M., ANTON R., 2003. Plantes thérapeutiques - Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique. Éd. Tec et Doc et EMI.

 
     
Dernière mise à jour le 23/09/2005 à 10:35:22