Généralités

Description

Toxicité


Datura


Nom latinDatura stramonium L.

Noms communs : Stramoine, pomme épineuse, herbe à la taupe, chasse taupe, herbe aux sorciers

Famille : Solanacées

Habitat : Terrains cultivés, nus ou vagues, lisière des champs

Floraison : Juillet - octobre

Fréquence : Naturalisé ou ça et là partout


Type végétal : Herbacée annuelle fétide, érigée, glabre en général, à souche courte et racines peu volumineuses

Taille : De 0,5 à 1,5 m

Feuilles : Grandes feuilles alternes, ovales à elliptiques, généralement lobées, à dents irrégulières, vert foncé brillant à la face supérieure, plus claires et marquées par des nervures saillantes en dessous

Fleurs : Fleurs en entonnoir, 5-10 cm, blanches à pourprées, solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures, parfois au niveau des ramifications ; calice tubuleux, denté, largement dépassé par la corolle tubuleuse à 5 lobes, à préfloraison tordue

Fruits : Capsules érigées, 35-70 mm, oviformes, épineuses, s'ouvrant par 4 valves pour libérer de nombreuses graines réniformes, noirâtres


Toxicité : Plante très toxique

Nature du toxique : Principalement 3 alcaloïdes, esters de l'acide troponique, du tropanol ou du scopanol :
• hyoscyamine (en fait la L-hyoscyamine, car lévogyre), qui prédomine dans le végétal frais
• atropine (racémique de l'hyoscyamine et sans pouvoir rotatoire), qui prédomine dans le végétal sec et le fruit mûr
• scopolamine également lévogyre.

La plante contient entre 0,2 à 0,6 % d'alcaloïdes, le groupe hyoscyamine/atropine en représentant les deux tiers et la scopolamine un tiers.

Organes incriminés : Tous les organes de la plante renferment des alcaloïdes tropaniques, concentrés dans les feuilles (0,3 à 0,5 %), les tiges (0,5 à 0,6 %), les graines (0,3 %), les fleurs (calice 0,3 % ; corolle 0,02 %).

L'intoxication est le plus souvent volontaire, comme en 1992 où plusieurs cas de détournement d'usage de spécialités à base de datura (cigarettes alors présentées comme sédatives de l'asthme), ont conduit les pouvoirs publics français à retirer ces spécialités du marché et à les supprimer du formulaire national.
Toutes les parties de la plante peuvent être utilisées. Ce sont le plus souvent les graines qui sont ingérées, mais parfois ce sont les racines, les feuilles, les fleurs, voire la tige.

L'intoxication est exceptionnellement involontaire : contamination de farine par des graines, miel élaboré par des abeilles butinant des daturas, confusion de la racine avec du raifort, consommation de graines par de jeunes enfants...

Symptômes : Ils sont liés aux propriétés antagonistes de l'acétylcholine, se traduisant par un syndrome anticholinergique.

• troubles digestifs immédiats avec nausées, vomissements destinés à éliminer l'agent toxique
• troubles neurovégétatifs :
- bouche sèche, constipation
- mydriase, troubles de l'accommodation, élévation de la pression intra-oculaire, diminution de la sécrétion lacrymale
- tachycardie
- risque de rétention urinaire et de glaucome aigu en cas de glaucome à angle fermé
• En cas d'intoxication aiguë : confusion mentale, hallucinations, hyperthermie, coma et dépression respiratoire

Remarques :

• On peut rencontrer une variété D. stramonium var. tatula à fleurs mauves et à tiges plus ou moins violacées.
• La toxicité des daturas est connue depuis très longtemps : pour certains auteurs, la plante fut responsable des pertes subies par l'armée de Marc-Antoine en 36 avant J.-C.. Quelques siècles plus tard, connue sous le nom "d'endormeuse", elle était utilisée par des malandrins qui offraient des prises de tabac contenant du datura à leurs futures victimes, afin de les dépouiller en toute tranquillité. Le même usage était fait de vin additionné de datura...
• De nombreuses espèces de datura furent et sont encore utilisées de nos jours un peu partout dans le monde pour des rites sacrés ou divinatoires.
• Il existe d'autres espèces de daturas plus toxiques d'origine exotique telles que D. metel, D. ferox, D. inoxia ainsi qu'un nombre important de daturas arborescents, généralement regroupés dans un genre séparé, le genre Brugmansia. Certaines de ces espèces ont été introduites comme ornementales et se sont naturalisées dans le Midi de la France, notamment D. metel.
Toutes ces espèces présentent un risque toxique au moins aussi élevé que celui représenté par D. stramonium.

 

 

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Dernière mise à jour le 03/10/2005 à 21:31:47