Type végétal : Herbacée annuelle
fétide, érigée, glabre en général, à souche courte et racines peu
volumineuses
Taille : De 0,5 à 1,5 m
Feuilles : Grandes feuilles alternes, ovales à elliptiques,
généralement lobées, à dents irrégulières, vert foncé brillant à la face
supérieure, plus claires et marquées par des nervures saillantes en
dessous
Fleurs : Fleurs en entonnoir, 5-10 cm, blanches à pourprées,
solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures, parfois au niveau des
ramifications ; calice tubuleux, denté, largement dépassé par la corolle
tubuleuse à 5 lobes, à préfloraison tordue
Fruits : Capsules érigées, 35-70 mm, oviformes, épineuses,
s'ouvrant par 4 valves pour libérer de nombreuses graines réniformes,
noirâtres
Toxicité :
Plante très toxique
Nature du toxique : Principalement 3 alcaloïdes, esters de
l'acide troponique, du tropanol ou du scopanol :
• hyoscyamine (en fait la L-hyoscyamine, car lévogyre), qui prédomine dans
le végétal frais
• atropine (racémique de l'hyoscyamine et sans pouvoir rotatoire), qui
prédomine dans le végétal sec et le fruit mûr
• scopolamine également lévogyre.
La plante contient entre 0,2 à 0,6 % d'alcaloïdes, le groupe
hyoscyamine/atropine en représentant les deux tiers et la scopolamine un
tiers.
Organes incriminés : Tous les organes de la plante renferment
des alcaloïdes tropaniques, concentrés dans les feuilles (0,3 à 0,5 %),
les tiges (0,5 à 0,6 %), les graines (0,3 %), les fleurs (calice 0,3 % ;
corolle 0,02 %).
L'intoxication est le plus souvent volontaire, comme en 1992 où
plusieurs cas de détournement d'usage de spécialités à base de datura
(cigarettes alors présentées comme sédatives de l'asthme), ont conduit les
pouvoirs publics français à retirer ces spécialités du marché et à les
supprimer du formulaire national.
Toutes les parties de la plante peuvent être utilisées. Ce sont le plus
souvent les graines qui sont ingérées, mais parfois ce sont les racines,
les feuilles, les fleurs, voire la tige.
L'intoxication est exceptionnellement involontaire : contamination de
farine par des graines, miel élaboré par des abeilles butinant des
daturas, confusion de la racine avec du raifort, consommation de graines
par de jeunes enfants...
Symptômes : Ils sont liés aux propriétés antagonistes de
l'acétylcholine, se traduisant par un syndrome anticholinergique.
• troubles digestifs immédiats avec nausées, vomissements destinés à
éliminer l'agent toxique
• troubles neurovégétatifs :
- bouche sèche, constipation
- mydriase, troubles de l'accommodation, élévation de la pression
intra-oculaire, diminution de la sécrétion lacrymale
- tachycardie
- risque de rétention urinaire et de glaucome aigu en cas de glaucome à
angle fermé
• En cas d'intoxication aiguë : confusion mentale, hallucinations,
hyperthermie, coma et dépression respiratoire
Remarques :
• On peut rencontrer une variété D. stramonium var.
tatula à fleurs mauves et à tiges plus ou moins violacées.
• La toxicité des daturas est connue depuis très longtemps : pour
certains auteurs, la plante fut responsable des pertes subies par l'armée
de Marc-Antoine en 36 avant J.-C.. Quelques siècles plus tard, connue sous
le nom "d'endormeuse", elle était utilisée par des malandrins qui
offraient des prises de tabac contenant du datura à leurs futures victimes,
afin de les dépouiller en toute tranquillité. Le même usage était fait de
vin additionné de datura...
• De nombreuses espèces de datura furent et sont encore utilisées de
nos jours un peu partout dans le monde pour des rites sacrés ou
divinatoires.
• Il existe d'autres espèces de daturas plus toxiques d'origine
exotique telles que D. metel, D. ferox, D. inoxia
ainsi qu'un nombre important de daturas arborescents, généralement
regroupés dans un genre séparé, le genre Brugmansia. Certaines de
ces espèces ont été introduites comme ornementales et se sont naturalisées
dans le Midi de la France, notamment D. metel.
Toutes ces espèces présentent un risque toxique au moins aussi élevé que
celui représenté par D. stramonium.
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